Archives de catégorie : Actualités

Entretien exclusif J.M.G. Le Clézio et Issa Asgarally dans l’émission « Passerelles »

Le 4 juillet 2019. J.M.G. Le Clézio était venu présider le Prix Jean-Fanchette 2019 dont Issa Asgarally​ est le coordinateur. L’écrivain parle de ses trois livres parus depuis 2017: « Alma », « Bitna, sous le ciel de Séoul » et « Quinze causeries en Chine ». Sans oublier son article publié dans Libération du 13 mars 2019: « Greta Thunberg, la gravité de la Terre ».

Nouvelle Publication: Colin, Claire. « Sur les traces effacées du voyageur Jean-Marie Gustave Le Clézio, par Michèle Gazier ».

Un article sur Le Clézio de la main de Claire Colin vient d’être publié dans les actes du colloque consacré aux écrits de Michèle Gazier qui sont publiés en ligne ici, dans la revue « L’entre-deux » : https://lentre-deux.com/index.php?b=numeros
Le lien vers l’article est : https://lentre-deux.com/index.php?b=68

Colin, Claire. « Sur les traces effacées du voyageur Jean-Marie Gustave Le Clézio, par Michèle Gazier ». « L’Entre-Deux », Numéro 5. Parution: juin 2019. https://lentre-deux.com/index.php?b=68&fbclid=IwAR3qhAFsClMbzrDYoLpYs6kqJMiYwpyeqgpSsGe9zrzUwH12Ku8xAWFw2y0

JMG Le Clézio parle à La Grande Table suite à l’article dans « Le Poste »

Lien à l’article sur France Culture, 11 juin 2019

« J. M. G. Le Clézio, prix Nobel de littérature 2008, nous parle de « Quinze causeries en Chine » (Gallimard, 2019), une réflexion sur son rapport à la lecture, à la littérature et aux grandes œuvres qui l’ont marqué.

Auteur de Le Procès-verbal (1963), qui l’a rendu célèbre, détenteur du prix Renaudot en 1963 et du prix Nobel de littérature en 2008, Jean-Marie Gustave Le Clézio est connu pour son intérêt pour les cultures éloignées, et notamment pour le Mexique, où il dit avoir ressenti un choc culturel. En 2010, l’ordre de l’Aigle aztèque mexicain lui sera même accordé en tant que « spécialiste des civilisations antiques mexicaines ».

En réalité, je ne suis de nulle part, ce qui me permet de me sentir partout chez moi.                            
(J.M.G. Le Clézio, Quinze causeries en Chine, Gallimard,  2019, p.44)

Ouvrir un livre, c’est comme ouvrir une fenêtre et entrer dans un monde qui ne va pas vous ressembler mais vous changer.[…] Les livres donnent cette impression de la possibilité d’un voyage.      
(J.M.G. Le Clézio)

Dans les années 1960 déjà, son oeuvre se centre sur les thèmes de l’enfance et de l’ailleurs (_Terra Amata,_1967, Le Livre des fuites, 1969), allant jusqu’à critiquer la culture mercantile occidentale et la mondialisation (La Guerre, 1970). En 2001, il déplore que « l’institution littéraire française, héritière de la pensée dite universelle des Encyclopédistes, [ait] toujours eu la fâcheuse tendance de marginaliser toute pensée de l’ailleurs en la qualifiant d’ »exotique » ». En mars 2007, il est l’un des signataires du manifeste intitulé Pour une littérature-monde en français, qui invite à la reconnaissance d’une littérature de langue française qui ne reléguerait plus aux marges les auteurs dits « francophones ».

L’Europe est destinée à se construire sur ses diversités, ses divergences, y compris sur ses peuples récemment immigrés.                  
(J.M.G. Le Clézio)

Je suis angoissé dans les villes qui ne changent pas.              
(J.M.G. Le Clézio)

Après un précédent roman se déroulant en Corée (Bitna, sous le ciel de Séoul, 2018), il met la Chine à l’honneur avec ses Quinze causeries en Chine, cinq conférences prononcées dans l’Empire du Milieu autour des oeuvres qui l’ont marqué et de son rapport à la littérature.

Les idéogrammes chinois donnent une familiarité avec l’esprit de la Chine, ils donnent un aspect très logique du monde.                    
(J.M.G. Le Clézio)

Depuis que je suis très jeune, je voue un culte à la culture et à la civilisation chinoises, dans tous leurs aspects, y compris dans leurs contradictions au temps de la révolution. »                            
(J.M.G. Le Clézio, Quinze causeries en Chine, Gallimard,  2019, p.44)

Extraits sonores :

  • Francois Cheng (For intérieur, 10/02/2002)
  • Mona Ozouf (L’Humeur vagabonde, 02/02/2019)
  • Jorge Luis Borges (Hors Champs, 07/10/2010)

 

 

J-M.G Le Clézio. « Greta Thunberg, la gravité de la Terre ».

J-M.G Le Clézio. « Greta Thunberg, la gravité de la Terre ». 13 mars 2019, 19 :06 https://www.liberation.fr/auteur/6431-jmg-le-clezio

« … quand elle apparaît, sur nos écrans, dans les pages de nos journaux, avec son visage grave et ses traits doux, et qu’elle dit de sa voix de colère contenue que nous devons paniquer, que nous devons réagir, nous indigner, commencer la lutte, changer notre façon d’être, notre rapport au monde et aux animaux qui l’habitent avec nous, que nous devons nous inquiéter de l’absence des saisons, de la disparition des insectes et des oiseaux, du dépeuplement des mers et du blanchissement des coraux, de cette sorte de silence assourdissant qui s’étend peu à peu sur la planète nature, au profit des vacarmes des villes, du mouvement fébrile des hommes, de l’exploitation à outrance des richesses du sol et des forêts, comment ne pas ressentir un coup au cœur, un tressaillement, comment ne pas être envahi par la nostalgie du futur, à l’idée de ce que nous n’avons pas fait, de ce que nous avons laissé se défaire, de notre regard qui s’est détourné, du grincement cynique de nos égoïsmes ? Comment ne pas l’entendre ? Comment avons-nous pu oublier à ce point nos responsabilités envers les générations à venir, comment avons-nous osé accepter que ceux qui vont pâtir le plus du changement climatique seront ceux qui n’ont pas participé à sa détérioration, ceux qui n’ont pas profité des bénéfices de la production, qu’ils mourront de faim parce que nous avons rempli nos garde-mangers à l’excès ? »

Pour les membres, vous pouvez trouver l’article au complet sur l’espace membres

« Sur les traces du Nobel écologiste », Laura Crescimanno. Publication en italien. Sortie: avril 2019

Un voyage insolite en cinq étapes sur les traces du grand écrivain écologiste J.M.G. Le Clézio, commencé presque par hasard, il y a de nombreuses années, par la petite île perdue de Rodrigues, dans l’Océan Indien, poursuivi parmi les Indiens de la forêt du Panama, dans les baies mexicaines où vivent les dernières baleines grises, dans le grand désert marocain, et qui s’achève dans les atolls polynésiens.

Accompagnée par ses mots puissants, je suis partie à la recherche d’un environnement durable, peut-être pas encore irrémédiablement disparu, pour que l’on continue à vivre sur et de la mer avant qu’il ne soit trop tard.

Madame Laura Crescimanno (1962) est Docteur en Langues et Littératures étrangères à Palerme où elle vit et où elle travaille. Journaliste freelance, elle a collaboré avec la Rai et avec les principaux journaux en ligne, siciliens et nationaux, consacrés au tourisme et à l’environnement. Après avoir obtenu le doctorat, elle s’est occupée de formation pour les masters de Tourisme et de Communication à l’Université de Palerme. Aujourd’hui, elle est conseillère aux services de presse d’organismes publics et d’entreprises privées. Ella a publié de nombreux guides touristiques sur la Sicile et sur de plus petites îles, et des ouvrages de photographies : Aperçus de Sicile (Marcello, Clausi Editore), et Paradis marins – Notes de bio diversité (Qanat Edizioni).

Traduction de l’italien de Jean-Paul et Marina Salles, le 20 février.2019. Voici l’annonce en italien

JMG Le Clézio participera au 2e Festival Hispanoamericano de Escritores en septembre 2019

Le prix Nobel de littérature JMG Le Clézio participera au deuxième festival d’écrivains qui aura lieu à La Palma, aux Canaries, en septembre à côté de Mario Vargas Llosas. Source

Il semblerait que les dates prévues pour le festival sont du 10 au 14 septembre 2019

 

Voici le lien au site du festival qui n’est pas encore mis à jour avec le programme pour 2019, mais qui suivra certainement dans les semaines/mois à venir.

 

Visite de JMG Le Clézio à la Fête internationale des livres à Lima 19 juillet au 4 août

L’auteur sera reçu au Peru pour la Fête internationale des livres à Lima du 19 juillet au 4 août 2019 pour un hommage à Vargas Llosa.

Voici deux articles qui en parlent:

Expreso.com « Vuelve al Perú nobel Jean Marie Le Clézio »

Andina « Nobel francés Jean Marie Le Clézio participará en homenaje a Vargas Llosa

 

Interview de Le Clézio : Il est temps de regarder vers le futur

Traduction de l’article en italien fournie par Marina Salles et son mari, Jean-Paul, que nous en remercions!

« Interview de Le Clézio : Il est temps de regarder vers le futur »

Alessandro Zaccuri, Avvenire  (avec 2 v)., mercredi 31 octobre 2018,

Le Prix Nobel français qui a situé son nouveau roman à Seoul dit : « mon modèle ? Aujourd’hui c’est Cesare Pavese. Son Métier de vivre nous apprend à nous concentrer sur ce qui est important. »

Précisément parce qu’il a beaucoup voyagé et qu’il connaît bien le monde, J.M.G. Le Clézio n’aime pas porter des jugements. « Orient et Occident, Nord et Sud, toutes les catégories qu’on adopte d’habitude me semblent inadaptées » par rapport à la réalité – affirme l’écrivain français -, Prix Nobel de Littérature en 2008 -. Chacun d’entre nous est immergé dans un contexte interculturel qui rend presque impossible la revendication d’une identité plutôt qu’une autre. Pour moi, il n’y a rien de plus dangereux et néfaste que la théorie du Conflit des Civilisations soutenue par Samuel Hutington ». Ce qu’affirme Le Clézio n’est pas en effet une théorie, mais un témoignage. Mieux encore : une histoire personnelle comme celle qu’on lit dans son dernier roman Bitna sous le Ciel de Séoul (traduit en italien par Anna Maria Lorusso, édité par La Nave di Teseo), que l’auteur a présenté en Italie ces jours derniers. Presqu’une fable contemporaine, dans laquelle on retrouve beaucoup des thèmes chers à Le Clézio : l’exploration approfondie d’un lieu, le désir de retour, la célébration de la force du récit, et en même temps la réflexion sur l’ambiguïté du rapport entre le narrateur et le lecteur. « Il est certain que j’ai connu d’abord les histoires avant de connaître la littérature », dit-il.

Dans quel sens ?

« Je suis né à Nice en 1940 et, avec mon frère, de 2 ans mon aîné, j’ai vécu la guerre comme enfant. Nous ne pouvions pas sortir dans la rue pour jouer, parce qu’il y avait toujours le risque de marcher sur une mine ou d’être mitraillé par un sniper. Pour rendre cette situation supportable, ma grand-mère qui était une femme pleine de sagesse, nous distrayait en nous racontant les aventures de Zaco, un personnage de son invention. Dans la langue créole de Maurice, l’île dont ma famille est originaire, zaco signifie « singe » et en effet notre héros était astucieux et rusé, il réussissait toujours à s’en sortir même dans les situations les plus difficiles. Écouter ces histoires m’a aidé à supporter la guerre ».

 Bitna, l’héroïne du roman, a donc quelque chose de votre grand-mère ?

« Ce n’était pas une narratrice cruelle comme parfois peut apparaître Bitna, mais de temps en temps,  elle pouvait elle aussi introduire une goutte de poison dans son récit. Une histoire, si elle est authentique, fait toujours affleurer quelque chose qui nous épouvante. C’est un élément que j’ai voulu conserver dans le livre, qui, de mon point de vue, concerne essentiellement le jeu de pouvoir qui se vérifie à l’intérieur de chaque processus narratif. Bitna est jeune, saine et pleine de fantaisie. Ceci lui confère du pouvoir sur Salomé, la femme gravement malade qui l’a prise comme conteuse. De sa part, cependant, même Salomé exerce un pouvoir sur Bitna grâce à l’argent dont elle dispose en abondance et dont elle se sert pour organiser, aux dépens de la jeune fille, une persécution qui sera ensuite restituée, une fois de plus, sous la forme d’un récit ».

Pourquoi avoir choisi Séoul comme toile de fond du roman ?

« Surtout parce que je l’ai écrit lorsque j’habitais dans la capitale coréenne. Exception faite pour les noms des rues et les aliments, l’histoire n’a rien d’exotique. Elle pourrait se situer dans n’importe quelle autre ville qui, comme Séoul, porte encore les blessures de la guerre.  À Cologne, par exemple, ou dans certaines villes d’Italie du sud. Aujourd’hui, encore, Séoul donne l’impression d’un magnifique miroir brisé, d’un lieu abandonné où le rapport avec le passé n’a pas encore été surmonté. Ceci est ma perception, qui peut-être est influencée par un ancien souvenir d’enfance ».

Lequel ?

« L a photographie sur une revue d’une femme fuyant du nord vers le sud de la Corée pendant la guerre, au début des années 50. C’était une mère très jeune, échevelée et vêtue de haillons. Elle portait son enfant sur les épaules et tenait à la main un petit panier. J’ai tout de suite imaginé que ce cabas abritait un animal, sans doute un oiseau, et qu’un jour ou l’autre cet oiseau pourrait refaire le chemin en sens inverse, revenant à la maison que la femme avait abandonnée. »

Un retour impossible ?

C’est de nouveau mon expérience qui parle. Le fait que je sois né à Nice est un hasard lié à la guerre. Déjà, tout petit, j’ai toujours su que j’appartenais à un autre lieu. Mais lequel ? Peut-être l’Afrique, où mes parents réussirent à revenir quelques années après ? Ou bien Maurice qui, cependant, n’offrait guère de grandes opportunités à qui souhaitait s’y établir durablement ? Plus que d’être séparé d’une terre, j’ai souffert du manque d’un lieu de naissance déterminé. C’est pourquoi, je n’ai pas une grande considération pour la nostalgie qui me semble un sentiment débilitant, peu adapté à la littérature. Les Chinois ont une préférence pour l’automne, moi je continue à préférer les autres saisons : la douceur du printemps, la splendeur de l’été et même la rigueur de l’hiver ».

Vous avez commencé, il y a un peu plus de 20 ans, comme auteur expérimental, mais ensuite votre style s’est simplifié jusqu’à devenir cristallin. Comment expliquez-vous cette évolution ?

« Avec le passage des années, qui représente moins une accumulation de temps passé qu’une restriction progressive de l’avenir. Il est normal qu’étant jeune on veuille provoquer, se mettre à l’épreuve, donner libre cours à la fantaisie. Quand j’écrivais mes premiers livres, mon modèle Littéraire était J.D. Salinger, qui déstructurait absolument ses constructions narratives. Aujourd’hui, je considère la simplicité comme une conquête. J’aime l’exactitude des vers de Rimbaud, mais l’auteur dont je me sens le plus roche est un Italien, Cesare Pavese. Dans son œuvre, en particulier dans Le Métier de vivre, il y a une capacité à se focaliser sur ce qui compte vraiment, dans laquelle je me reconnais pleinement ».

Votre recherche est-elle seulement littéraire ou également spirituelle ?

« Un roman ressemble beaucoup à une composition musicale. La mélodie, le crescendo, un thème qui revient à divers moments. La musique, ce n’est pas par hasard, est la forme d’art qui m’émeut le plus profondément jusqu’à me faire venir les larmes. Peut-être parce qu’elle a à faire avec l’invisible ».

Vous ne voulez vraiment rien dire à propos de ce qui se passe aujourd’hui dans le monde ?

« Seulement que je suis optimiste et que, selon moi, il n’y a aucune alternative possible. Il faut regarder vers le futur avec confiance. On ne peut et on ne doit pas faire autrement ».

Au “Milanesiana” (festival de littérature, cinéma, théâtre, etc.) à Milan, Le Prix Nobel de littérature, JMG Le Clézio présentera son dernier livre.

L’ouverture exceptionnelle pour « La Milanesiana », organisée et dirigée par Elisabetta Sgarbi, aura lieu le lundi 29 octobre au Centro Congressi Fondazione Cariplo à Milan. C’est à l’occasion de la sortie du dernier roman de JMG Le Clézio, « Bitna, sous le ciel de Séoul », publié par La Nave di Teseo que cette soirée exceptionnelle se déroulera. Après un concert donné par Gile Bae, Le Prix Nobel, Jean-Marie Gustave Le Clézio entrera sur scène accompagné d’une présentation de Francesco Micheli. Il lira un passage d’une œuvre inédite et s’engagera dans une discussion avec l’écrivain italien Paolo Di Paolo. La directrice artistique, Elisabetta Sgarbi, sera la maîtresse de cérémonie.

L’entrée est gratuite jusqu’à la dernière place.