rencontres – rabat 2011

troisièmes rencontres de l’assocation des lecteurs de j.m.g. le clézio : rabat, 6-8 juin 2011

Partis à la même heure de Paris, Isabelle, Marina, Claude et Bruno arrivent les premiers à Rabat le dimanche 5 juin à 14h15, heure locale. Un taxi nous dépose à l’hôtel Pietri, bien situé non loin de la gare, de la librairie, de l’Institut français, de telle sorte que nous ferons pratiquement tout à pied. Martha, Jacqueline et Rachel nous rejoindront plus tard dans la soirée, voire dans la nuit ! Installation dans nos chambres respectives et première découverte (sauf pour Claude, déjà venu en décembre) de la ville. Nous traversons le souk très animé et coloré, les gens se promènent en famille dans une ambiance bonne enfant.

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Claude, Bruno et Marina dans le souk

Nous marchons jusqu’à l’Océan et la Kasbah des Oudaïa. Nous découvrons l’extraordinaire cimetière qui descend vers la mer, où Laïla trouvait refuge près des « pierres blanches des tombes sans nom où s’effaçaient les versets du Coran » (PO), au risque de rencontrer un exhibitionniste chenu ! Téméraire, Isabelle s’approche des tombes et prend quelques photos…Tout est paisible, les enfants jouent, se baignent sous un ciel très lumineux : « au loin la mer bleue, les mouettes suspendues dans le ciel ».

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Bruno, Isabelle, Marina et Claude face à la Kasbah des Oudaïas

Nous traversons le café maure et son luxurieux jardin andalou planté de citronniers, de bougainvillées, de lauriers-roses, d’agapanthes, de jacarandas, de daturas avec leurs lourdes fleurs blanches en forme de cloches. Tout au long du séjour nous admirerons cette richesse de la végétation, l’élégance de l’architecture, la délicatesse des mosaïques, les jolies rues blanches au soubassement bleu de la médina.

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Porte de la galerie Miloudi Nouiga à la Kasbah des Oudaïas

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Minaret près de la gare

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Une rue de la médina

lundi 6 juin :

Nous avons rendez-vous à 9 heures à l’ Université Mohammed V pour la journée d’études co-organisée par la Faculté des Lettres et l’Association des lecteurs de J.M.G. Le Clézio. Accueil charmant de nos collègues marocaines et matinée studieuse.

Après les remerciements de Claude à L’Université et particulièrement à Kadija Noushrine, très investie dans la préparation de cette journée, Bruno ouvre la première session, L’ailleurs marocain : du rêve à la découverte, présidée par Isabelle, avec une communication intitulée « Le rêve marocain ou le voyage interrompu ». Son approche de Gens des nuages met l’accent sur la méditation spirituelle, l’approfondissement de la pensée mythique soufie, maraboutique et chamanique. Claude, carte à l’appui, présente Le Clézio sur les traces de Camille Douls, établissant une « parenté non matérialisée » entre le récit de ce dernier et le texte leclézien. Rachel nous livre une approche géographique et poétique du roman (D) et du récit de voyage (GN).

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Les sessions

La seconde session, Le Maroc entre quête et histoire, est présidée par Ijou Cheikh Moussa, directrice du Département de Français de la faculté des Lettres à l’ Université Agdal Mohammed V. Marina examine le traitement de l’Histoire et en particulier de la « geste » de Ma el Aïnine et des hommes bleus dans Désert et Gens des nuages. Houda Benmansour, professeur à la Faculté des Lettres, présente « le Maroc leclézien entre le sacré et la quête ». Établissant l’équivalence entre la topographie du désert et la topographie du sacré, elle montre que « le texte fait écho à l’espace désertique ». Isabelle conclut la session par une communication avec PowerPoint sur « le dispositif images/textes dans les récits consacrés au Maroc (Gens des nuages et Maroc).

Des questions viennent de la salle, elles portent sur Le Clézio romancier, sur l’apport des images au texte…

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Les sessions

Mary, installée dans sa famille, Az-eddine et Sidi Omar nous ont rejoints : nous immortalisons ce moment par une photo de groupe avant de nous réunir autour de deux jolies tables rondes basses pour un repas convivial.

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Le groupe à l’université : devant (de gauche à droite) : Rachel Bouvet, Houda Benmansour, Marina Salles, Isabelle Roussel-Gillet, Kalidja Noushrine, Jacqueline Jacomella, Ijou Cheikh Moussa. Derrière (de gauche à droite): Claude Cavallero, Bruno Thibault. Muriel Augry, Martha van der Drift, Mary Vogl

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Repas à l’université

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Repas à l’université

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Repas à l’université

Après de magnifiques crudités, on nous sert le menu de fête : un poulet aux citrons et des fruits délicieux.

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Repas à l’université

L’après-midi, comme prévu, Jacques Levrat nous accueille à La source, fondation Suzanne Rollin, dont cette maison constituait la dot.

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Jacques Levrat et Az-eddine à la Source

À sa mort, ses parents ne voulurent pas la posséder : elle devint un dispensaire, puis bientôt une bibliothèque (un Centre de Documentation et de Recherche réunissant des écrits marocains introuvables ailleurs, 30 000 livres sur le Maroc que venaient étudier les étudiants en thèse) et un lieu de débat privé, animé par Jacques Levrat, installé au Maroc dès 1967. Parmi ces lecteurs, Jacques Levrat cite Jemia venue travailler sur le Sahara et Jean-Marie Le Clézio. Après cette présentation du lieu aujourd’hui fermé au public – ses livres ont été confiés à la Bibliothèque Nationale du Maroc–, il nous donne lecture d’extraits de son texte rapprochant Lévinas et Le Clézio, et s’ensuivent des échanges.

Vous pouvez lire ce texte intitulé L’admirable fragilité de l’être, Le Clézio – Lévinas sur notre site. Ce texte a fait l’objet d’une communication lors du colloque « Le Clézio et le Maroc » de novembre 2004 organisé à Béni Mellal par Az-eddine Nozhi (actes non publiés). Nous remercions Jacques Levrat et Az-eddine pour ce partage.

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Rencontre avec Jacques Levrat

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Rencontre avec Jacques Levrat

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Rencontre avec Jacques Levrat

Puis nous sommes attendus à la librairie Kalila wa Dimna où Martha, Jacqueline, Marina et Isabelle lisent des extraits de Poisson d’or devant un public intéressé qui participera activement au débat.

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La rencontre à la librairie

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La rencontre à la librairie

À l’occasion de ces échanges, nous apprenons qu’une douzaine de thèses sur l’œuvre de Le Clézio sont en cours ou réalisées au Maroc. Madame Balafreje, la libraire, rappelle que Le Clézio est venu signer Poisson d’or dans son établissement et nous montre le document qu’elle avait établi à l’époque. Elle signale que l’auteur passe régulièrement lui rendre visite lors de ses déplacements à Rabat.

Comme nous quittons la librairie à la tombée de la nuit, nous dînons à l’hôtel.

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Le groupe à la sortie de la librairie

mardi 7 juin :

La matinée est entièrement consacrée à l’assemblée générale de l’Association. (cf. CR). Puis nous décidons d’aller déjeuner dans l’un des restaurants de la « marina » de « Salé la blanche » (Colette), située sur la rive droite de l’Oued Bou Regreg.

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Nous traversons le pont avec le tramway tout juste inauguré.

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Le nouveau tram

Notre promenade nous conduit à travers les petites rues sinueuses de la médina. Mais nous devons écourter la visite. Nous n’irons pas jusqu’au douar Tabriquet décrit dans Poisson d’or. Nous sommes attendus à l’ Institut français de Rabat pour une dernière table ronde.

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L’Institut français

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L’Institut français

Muriel Augry, attachée de coopération, nous accueille chaleureusement. Dans le public, nous retrouvons des personnes déjà présentes à la librairie, mais aussi des étudiants et des membres de la jeune troupe de théâtre qui a monté le spectacle Sahara, mon amour à partir de trois textes de J.M.G. Le Clézio. De toute évidence, il y a un réel plaisir à entendre parler de l’œuvre leclézienne. Le contenu des interventions est varié : Sidi Omar lit Gens des nuages moins comme un récit de voyage au désert que comme une déclaration d’amour à Jemia. Après une rapide présentation de Bruno Barbey, Jacqueline choisit quelques textes écrits par J.M.G et Jemia Le Clézio pour accompagner les photographies du très beau livre Maroc.

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La table ronde

Mary, qui a longuement étudié ces images, souligne la beauté des textes chosis, avant de présenter une « approche éco-critique du désert Marocain selon Le Clézio ».

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La table ronde

Quant à Martha, elle nous parle avec enthousiasme de « l’hybridité dans Kalima ».

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La table ronde

Là encore, un échange animé s’instaure avec le public.

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La table ronde

Nous terminons ces rencontres (sans Az-eddine qui doit rejoindre son université le lendemain matin et sans Mary, retenue par ses obligations familiales) dans un restaurant plutôt chic : lumières tamisées, musique arabo-andalouse, gastronomie raffinée. Quand nous sortons, nous trouvons sur la route la pantoufle de Cendrillon : il est donc plus de minuit !

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Le soulier de Cendrillon

Les rues ne sont plus occupées que par des compagnies de chats efflanqués, mais nullement sauvages. Sidi Omar nous quitte à son tour.

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Chaton non effarouché

Le 8 juin au matin, nous nous dispersons. Rachel, Martha, Jacqueline, Claude et Bruno prolongent leur séjour au Maroc. Avant de reprendre l’avion pour Paris, Isabelle et Marina font une dernière promenade au bord de la mer en passant devant Bâb er Rouah, « la porte du souffle et du vent » évoquée par Jemia et J.M.G. Le Clézio dans Maroc, l’une des cinq portes de l’enceinte des Almohades.

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Au bord de l’Océan

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Au bord de l’Océan

La prochaine fois, nous ne manquerons pas de visiter le Musée archéologique où se trouve le buste de Juba II, époux de Cléopâtre Séléné, qui a peut-être inspiré à J.M.G. Le Clézio sa nouvelle « La Roue d’eau »…

MS et IRG