yanik ngoko

YanikNgoko

Le Livre des fuites se termine par cette formule: « Les vraies vies n’ont pas de fin. Les vrais livres n’ont pas de fin ». J’ai encore en mémoire le moment où j’arrivai à cet endroit du livre. C’était un après-midi dans l’«interior» brésilien; temps calme, humide, plutôt frais pour la saison; dans le cœur de la «mata» où je me trouvais, on pouvait respirer, les senteurs des feuilles, des herbes, des grillons et du du pollen. J’étais séduit, euphorique, pénétré par la nouveauté de l’écriture que je découvrais. Une écriture qui ouvre l’infini du monde, conjuguant en moi un double sentiment: celui d’être parfois passé à côté de la vie derrière moi mais d’être mieux muni pour les lendemains. Une écriture du détail, qui me renvoyait au dessin, à la peinture des réalistes, à la photographie de l’intime de l’univers. Une écriture pour une pensée libre, novatrice, qui me donnait envie de crier: «bien sûr, bien sûr, qu’il est bon enfin de lire cela!». A ce moment, je sus que j’étais en face d’un vrai livre et que je voudrais toujours le lire. Je veux dire, sa plume, la belle qui a transmise l’ordre des caractères.

Depuis, ma culture leclézienne s’est élargie; Terra Amata, L’Inconnu sur la terre, La Guerre, Les Géants, L’Extase matérielle, Le Chercheur d’or sont de nouveaux points de repères qui se sont imposés. Et tout cela n’a fait qu’accentuer ma gourmandise, mon envie de relire encore le texte leclézien.