bernadette rey mimoso-ruiz

France

Mon cheminement livresque a croisé presque par hasard J.M.G. Le Clézio. Mais chacun sait que le hasard n’est que la version raisonnée et occidentale du Mektoub qui m’a conduite vers les romans de Le Clézio en empruntant la route de la barbarie. En effet, c’est en élargissant mes recherches autour de la figure du « merveilleux barbare » pasolinien que j’ai croisé Adam Pollo et bien d’autres. Et ce fut une révélation, à la fois dans l’inventivité de la langue, de la préhension de la modernité et d’une poésie naturelle que jamais un artifice ou une affectation ne vient gâter. Depuis de longues années, les romans de Le Clézio font partie intégrante de ma vie, et plus encore depuis Désert dans son évocation du Maroc, mon pays de cœur, mais également dans les récits indianocéaniques où l’imaginaire se mêle aux mythes et aux paysages qui me sont chers.

L’engagement humaniste de la pensée leclézienne, prolonge, à mes yeux, celle des grandes figures de la littérature, je pense à Rabindranath Tagore, tout comme le regard critique sur la société consumériste rejoint à la fois les préoccupations de Pasolini des années soixante et celle, contemporaine, d’Edgar Morin et de La Voie qu’il trace. La rencontre avec le monde leclézien m’est apparue une matérialisation synthétique de tout ce qui me parle en littérature et m’invite à une lecture dans laquelle les données intellectuelles se fondent dans les affects. Cette empathie, pour agréable qu’elle soit, n’est pas sans revers : comment s’en détacher pour analyser le plus scientifiquement possible les textes ? Chacune des études que j’ai pu réaliser l’a toujours été dans un étrange mélange de joie et d’anxiété : un prolongement des paradoxes lecléziens !

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