deuxièmes rencontres de l’association des lecteurs de j.m.g. le clézio : vannes, 21-23 mai 2009
Après Nice, Vannes fut la destination des deuxièmes rencontres de l’Association. Nous avions choisi cette ville proche de Lorient, berceau de la famille Le Clézio et centre à cette date d’une importante manifestation nautique : la rencontre de vieux gréements dans le Golfe su Morbihan. Cela nous permettait d’inscrire ces journées sous le double signe de l’attachement de J.M.G. Le Clézio à la Bretagne et de « l’écrivain maritime ». Si la Bretagne entre assez tardivement dans l’œuvre (« La Saison des pluies » dans Printemps et autres saisons, puis Révolutions et Ritournelle de la faim), cette terre d’origine, qui est aussi au bout du sol de France largement ouverte sur l’océan, où l’auteur passait ses vacances lorsqu’il était enfant, s’inscrit profondément dans sa « mémoire poétique ». Interrogé par le magazine Bretons (n°37, novembre 2008), à la veille de l’attribution du Prix Nobel, J.M.G. Le Clézio déclarait : « je n’ai jamais cessé de penser la Bretagne comme un lieu familier plus que l’île Maurice où je n’allais pas ou Nice où je ne me sentais pas vraiment à l’aise. Il y avait là une affinité immédiate ».
Nous remercions les personnes qui nous ont aidés à organiser ces journées : les maires de Vannes et de Port-Louis : Monsieur Goulard et Madame, Jourda, les responsables des activités culturelles de ces deux villes, en particulier, Monsieur Vinet, attaché culturel, Madame Masson, Monsieur Ledain, bibliothécaires, l’une à Vannes, l’autre à Port-Louis et Jean-Alain Patry, architecte à la ville de Vannes.
Nous étions 15, ayant malheureusement enregistré la défection en dernière minute de Miriam Stendal-Boulos et de Sophie Jollin-Bertocchi, pour raisons de santé. Étaient donc présents, Madeleine et Claude Borgomano, Claude Cavallero, Yonay Constanza Pinto-Guarumo, Jacqueline Jacomella, Thierry Léger, Juliana Pastin et son mari, Joël Questel, Isabelle Roussel-Gillet, Marina Salles, Christelle Sohy, Bruno Thibault, Isa Van Acker. L’accueil eut lieu le jeudi soir au Golfe Hôtel. Au cours du repas pris à la Brasserie bleue, nous avons fait la connaissance de Sophie Tidu, jeune adhérente originaire de Vannes.
Le vendredi 22, dès 8h30, une navette nous attendait pour nous conduire à Port-Louis, où une visite du Musée de La Compagnie des Indes était prévue. Le temps de quelques photos souvenirs du groupe devant la Citadelle et nous pénétrons avec notre guide dans le Musée, riche en documents sur le commerce triangulaire, la colonisation, l’esclavage, sujets chers à notre auteur. Un déjeuner sur le pouce dans une excellente crêperie avant de nous rendre à la médiathèque de Port-Louis pour la première table ronde, annoncée par de belles affiches. Introduite et animée par Marina Salles, cette table ronde portait sur la représentation de la Bretagne dans l’œuvre leclézienne. Thierry Léger rappelle l’ancrage autobiographique de ces références à la Bretagne. Madeleine Borgomano analyse magistralement l’intégration de ce motif à la fiction, en particulier dans Révolutions. Joël Questel évoque les événements historiques et en particulier la Bataille de Saint-Aubin du Cormier qui met fin à la relative autonomie de la Bretagne en juillet 1488. Sophie Tidu, n’ayant pu nous rejoindre, ne parlera pas, comme prévu, de l’accueil réservé en pays breton à l’annonce de la « nobelisation » de J.M.G. Le Clézio. Puis, la navette nous ramène à l’auditorium des Carmes à Vannes, une belle salle en forme d’amphithéâtre où nous enchaînons avec deux nouvelles tables rondes. « Des tables rondes pour faire le tour de Le Clézio », titrait avec humour le journal local Ouest-France. Un tantinet excessif ! Devant un public composé de membres de l’association et de lecteurs vannetais de Le Clézio, ou de curieux, Isabelle Roussel-Gillet, Isa Van Acker et Marina Salles répondent au feu nourri de questions préparées par l’animateur Bruno Thibault sur le dernier roman de J.M.G. Le Clézio : Ritournelle de la faim. Puis, Claude Cavallero, Yonay Constansa Pinto et Juliana Pastin développent tour à tour leur perception de « Le Clézio, écrivain maritime », thème de la troisième table ronde, dirigée par Claude Cavallero. Certes, nous n’avons pas fait le tour de l’œuvre leclézienne ! Mais intimiste, « live » ou érudite, ces trois tables rondes ont éclairé de manière vivante et approfondie ces aspects divers de l’œuvre. Une nouvelle adhérente, Ronane Juzeau, nous a rejoints pour la dernière table ronde.
Le soir, après le repas à la Brasserie bleue qui s’est un peu prolongé, nous nous réunissons dans une salle de l’hôtel pour écouter Yonay lire le petit poème qu’elle a composé avec les titres des livres de Le Clézio à l’occasion du Nobel, et Joël Questel qui a préparé une lecture sensible et personnelle d’un extrait des Géants. La voix bien posée du lecteur/comédien (Joël joue dans une troupe d’amateurs) mettait en relief le rythme, la puissance du texte et cette évidence : certains textes lecléziens que l’on croyait seulement réservés à la lecture solitaire et intime se prêtent très bien à la lecture à voix haute.
Le samedi matin fut consacré à l’Assemblée générale dont tous les membres ont reçu le compte rendu. Après le dernier repas pris en commun, tandis que le comité de lectures des Cahiers J.M.G. Le Clézio se réunissait avec Patrick Ardoin, le nouveau directeur des Éditions Complicités, ceux qui avaient décidé de prolonger le séjour profitaient de la douce lumière du Golfe à bord d’un bateau.
Marina Salles