Archives mensuelles : décembre 2022

Couleurs et senteurs

Ce collectif, coordonné par Orphée Goré et Isidore Bikoko, réunit des spécialistes d’Afrique, d’Europe et d’Asie autour du thème des couleurs et des senteurs dans l’œuvre de J.M.G. Le Clézio, Prix Nobel de Littérature.

Peu d’études dédiées à l’œuvre de l’écrivain ont jusqu’ici abordé de manière frontale la problématique de l’expression des sensations visuelles et olfactives. Pourtant, celles-ci s’invitent souvent dès la première page des nombreux romans et nouvelles de l’auteur, nous plongeant spontanément dans l’intime de l’expérience par laquelle le monde, ou ce que l’on désigne communément par le mot « environnement », mais aussi la présence de l’autre, quelles que soient son origine, sa langue et sa culture, se révèlent d’un coup à notre subjectivité. Cette dimension ontologique de la sensation définit l’être leclézien dans sa posture fondamentale face à l’univers, et pour reprendre la formule célèbre d’Hölderlin, dans sa manière d’habiter « poétiquement » le monde. Par les observations qu’elles formalisent comme par les interrogations qu’elles suscitent, les pages critiques ici rassemblées se rejoignent dans une incitation à redécouvrir une œuvre riche et contrastée qui n’a pas délivré son sens ultime. Ces contributions s’adressent à tous les amateurs de littérature francophone contemporaine.

Pour le commander : ici.

Goré Orphée et Bikoko Isidore (éd.), J.M.G. Le Clézio. Couleurs et senteurs : Usages et significations, Paris, Editions Complicités, 2022.

A paraître ! Avers, de J.M.G. Le Clézio

Un recueil de huit histoires qui suivent chacune un personnage en quête d’identité. Tous sont jeunes, plein de vie mais en marge de la société. Ce qui lie ces récits est la question de survie dans un monde hostile aux différences.

Avers de J.M.G. Le Clézio paraîtra chez Gallimard le 02 février 2023.

Extrait :

« Son père ne lui avait jamais parlé de religion, il ne s’intéressait pas à ces choses-là. Il avait seulement avec lui une pièce d’or, une jolie pièce qui brillait, et qu’il portait dans sa poche quand il allait en mer, pour être protégé. Un jour, avant de partir pour toujours, comme s’il s’en doutait, il avait donné la pièce à Maureez. Il lui a raconté l’histoire, comment il avait trouvé la pièce dans le casier à crabes, une pièce qui provenait du grand trésor de Rodrigues que tout le monde cherchait depuis longtemps. Elle avait appartenu aux pirates, et quand ils avaient été capturés par les Anglais, ils avaient jeté le trésor à la mer plutôt que de le livrer, et voilà, un crabe avait emporté une pièce et l’avait cachée dans son nid, et maintenant c’était lui, Tomy Samson, qui la possédait. Il l’avait donnée à Maureez en lui disant, c’est ton porte-bonheur, avec la pièce tope gagne la chance. Mais ça n’avait pas servi, puisqu’il avait disparu en mer. »

Entretien disponible ici.

Bruno Thibault, La crise des migrants et l’écriture engagée : Le Clézio, Poisson d’or et Désert

« Comment penser, depuis un xxie siècle déjà bien entamé, le devenir du magistère intellectuel et moral longtemps associé à la légitimité des écrivains, en France et au-delà ?  »

Le numéro 10 de la revue ELFe XX-XXI entend proposer un premier état des lieux des nouvelles reconfigurations du champ littéraire par rapport à la notion d’engagement, « dans le prolongement des travaux engagés lors du 2e congrès de la SELF XX-XXI, en analysant les modes de présence des écrivains dans la cité, et leurs fonctions, au fil des xxeet xxie siècles. Il croise donc les éclairages apportés par les études littéraires et la sociologie de la littérature, et plus récemment par les courants des cultural studies tels les subaltern studies ou l’écopoétique. Sans prétendre évidemment à l’exhaustivité, il cherche à rendre compte de l’évolution des interventions publiques des auteurs, de leurs positions par rapport à l’actualité de questions politiques et sociales, de la distance prise, pour ceux de la littérature du second xxe siècle et du xxie siècle, avec la figure sartrienne de l’écrivain engagé, qu’il se qualifie d’impliqué ou d’affecté. Le numéro se compose de trois sections, précédées d’articles synthétiques de Gisèle Sapiro et de Boris Gobille sur l’évolution historique des formes de l’engagement littéraire, et sur ce qu’induit aujourd’hui la démocratisation des espaces et l’égalisation des paroles « face au réel » et à l’actualité. »

« Bruno Thibault, dans « La crise des migrants et la question de l’écriture engagée : J.M.G. Le Clézio, Marie Redonnet, Nicole Caligaris et Juliette Kahane », met ces quatre écrivains à l’épreuve de l’engagement, au sens sartrien du terme. Si les textes de Redonnet et Caligaris illustrent la tentative, pour ainsi dire théâtrale, de redéfinir l’écriture de l’engagement, c’est en se reportant au « témoignage documentaire, c’est-à-dire à la non narrative fiction inspirée du New Journalism d’un Truman Capote, d’un Norman Mailer et d’un Tom Wolfe que Bruno Thibault lit Jours d’exil, publié par Juliette Kahane. Méfiante à l’égard des récits truqués à finalité pratique immédiate (auprès de l’OFPRA), elle mesure humblement, sans dogmatisme, les limites de son positionnement – « l’observation participante » – et l’efficacité du tissage entre narratif et méta-narratif qui tient d’un geste plus immédiatement éthique que politique. » 

(Extraits de Marie-Hélène Boblet et Simon Bréan, « Modes de présence et fonction des écrivains en France. Introduction », ELFe XX-XXI, 10, 2021 ; https://doi.org/10.4000/elfe.4044)

Bruno Thibault, « La crise des migrants et la question de l’écriture engagée : J.M.G. Le Clézio, Marie Redonnet, Nicole Caligaris et Juliette Kahane », ELFe XX-XXI, 10, 2021, https://doi.org/10.4000/elfe.3768

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