Salima Zerar

Algérie

Titulaire d’une licence de français option littérature sur Balzac, passionnée par les écrivains du XIXe siècle, je n’ai découvert Le Clézio que lorsqu’il fut lauréat du prix Nobel en 2008. Ayant réussi le concours de Magistère, j’ai entrepris la lecture de son œuvre en commençant par Désert, un livre qui m’a tellement marquée que je me suis posée plusieurs questions : écrivain de culture française ? Que viennent faire des traditions et des coutumes culturelles et même religieuses dans un roman écrit avec les petits détails par cet écrivain surtout quand je découvre qu’il n’a vécu en Afrique que quelques années de son enfance ? De nombreux thèmes abordés dans ce livre font partie de ma culture et de mon identité. Par les mots, Le Clézio parvient à réduire les distances culturelles et sociales.

Encouragée par mes professeurs venus de France, que je remercie, dont M. Michel Schmitt pour qui Le Clézio est « le monstre de la littérature », moi qui n’ai pas peur des monstres, j’ai décidé d’entrer dans le monde leclézien.  Bien que j’aie eu la chance de lire beaucoup de textes de Le Clézio, Désert est resté mon roman préféré. Ce roman à deux récits alternés, chargé d’interculturalité et riche d’autres thèmes fréquents de Le Clézio, a fait l’objet d’un mémoire de fin d’étude sur l’identité et l’altérité dans cette œuvre. Un premier projet de thèse portant sur l’autobiographie dans L’AfricainLe Chercheur d’OrOnitsha et Voyage à Rodrigues n’a pu aboutir faute de pouvoir obtenir la documentation nécessaire. La lettre adressée alors à l’Association des lecteurs de Le Clézio est restée sans réponse. Elle a dû se perdre dans la nature, mais je ne savais pas qu’en tant qu’étrangère, je pouvais adhérer à votre association.

La lecture des œuvres de Le Clézio m’a ouvert beaucoup de pistes de recherche. Les mots me parlaient, la disposition des textes et des pages, voire l’insertion de photographies dans les romans me donnent à réfléchir. Chaque livre me transporte dans un nouveau coin du monde de l’Europe, au Mexique, de l’Afrique à l’Asie, Le Clézio ne cesse de me faire voyager sans visa et sans prendre d’avion. Il me fait connaitre le monde depuis chez moi.

Je me pose toujours la question de l’Autre dans le texte de Le Clézio. Actuellement, je prépare une thèse sur les arts africains dans son œuvre. Je centre mon travail sur les romans qui prennent l’Afrique comme thème principal. J’essaie d’analyser comment Le Clézio aborde la question de l’art africain jugé comme art nègre / primitif ? Comment lui donne-t-il la parole et le faire entendre et connaitre ? Lui qui refuse toute hiérarchie culturelle et transgresse les frontières entre art et artisanat et qui veut faire des musées des « mondes », comment fait-il de l’art africain un art du monde ? Je cherche le secret du génie de cet écrivain qui fait de ses livres un carrefour des arts.

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