C’était en 2008, pendant ma première année de master, au cours de Littérature française et francophone, que j’ai pris contact pour la première fois avec le texte leclézien. On nous avait proposé de lire le roman Révolutions et avant d’être arrivée à la fin du livre, je savais déjà que j’avais trouvé le sujet de mon mémoire: la quête d’identité chez Le Clézio. Ce roman-puzzle, par la lecture duquel j’ai dû refaire le texte imbriqué en ramassant et en collant les bribes de chaque histoire, m’avait beaucoup impressionné non pas seulement par sa structure et son style, mais aussi par la multitude des questions sensibles du monde contemporain que l’écrivain y mettait en exergue, par sa passion pour les Ailleurs géographiques, par son amour pour l’Autre et l’Altérité. Et comme mon voyage au pays du texte leclézien ne venait que de commencer, j’ai décidé de continuer ma recherche dans le cadre d’une thèse de doctorat. J’ai découvert ensuite un univers immense, touchant, voire enivrant, se poursuivant et s’enrichissant d’une œuvre à l’autre, et invitant sans cesse à être pénétré. Si je devais choisir une seule œuvre de Le Clézio, ce serait Alma, peuplée par les fantômes de ceux qui ont été les Raphus Cucullatus, les dodos disparus à tout jamais, par celle de Saclavou, le géant habitant la fôret mauricienne, par celle de Topsie, l’escalve noir, par les Felsen, les Laros, les Armando, par les riches et par les pauvres également. Alma fait sans cesse appel à l’empathie du lecteur, à son humanité, à son amour, à sa charité, en l’engageant dans ses débats, en le transformant et en le rendant un homme meilleur.
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