isabelle constant

Barbados

Longtemps j’ai refusé d’écrire des articles académiques sur Le Clézio afin de ne pas gâcher cette lecture que je me réservais comme lecture plaisir. Ma mère est niçoise, ma grand-mère malgache, mon arrière grand-père mauricien, c’était trop personnel. Et puis le Clézio a écrit Ourania et j’avais passé tant de temps à écrire sur l’utopie que je me suis laissé emporter par le désir d’écrire sur celle-là aussi. C’est ainsi que j’ai assisté à mon premier colloque exclusivement réservé à Le Clézio dans la magnifique ville de Grenade. Je n’ai pas tué mon plaisir de lire Le Clézio en écrivant un article académique, j’ai fait en sorte d’ailleurs qu’il le soit le moins possible, car je trouve que la complexité et le jargon académique peuvent altérer la poésie le clézienne. Le Clézio incite plutôt à écrire épuré, comme lui. Avant cela j’avais fait un pastiche de la scène du rat dans Le Procès-verbal, pour essayer de comprendre ses ressorts. Le Clézio demeure à ce jour pour moi l’écrivain contemporain en français par excellence, comme Coetzee est l’écrivain en langue anglaise. On aimerait toucher du doigt ce qui fait que ces écrivains nous passionnent. C’est leur musique sans doute à laquelle on adhère et qu’on ne se lasse pas d’entendre. Ce ne sont pas les histoires, mais plutôt leur géographie qui me parlent, Maurice de La QuarantaineOnitsha sous la pluie africaine, le désert, Nice. Et puis j’ai aimé sa biographie de Diego et Frida et j’ai voulu chercher les points communs de Le Clézio avec ces artistes mexicains : un certain mal-être, une marginalité, et la maîtrise d’une technique alliée à la magie. J’admire presque autant chez Le Clézio son humilité que son génie.

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