La Rochelle, France
C’est à une professeure de lettres que je dois la découverte de Le Clézio. Un extrait de Désert, complètement captivant, proposé en devoir en classe, m’a fait me précipiter au CDI du lycée pour emprunter, dévorer et aimer cet ouvrage, qui reste l’un de mes préférés. Dès lors, je n’ai plus abandonné Le Clézio. Je me souviens de cette époque où Bernard Pivot le conviait parfois à la télévision. Je me souviens de sa présence fascinante, de sa parole précise et de sa force de conviction, par exemple pour la publication de son essai Le Rêve mexicain. Je me souviens aussi, dans les années qui ont suivi, de quelques lectures presque hypnotiques, surtout celle de La Quarantaine. Pas de doute: cette voix, singulière et multiple tout à la fois, est à part des autres, de notre temps et de tous les temps. Je l’ai retrouvée, pleine, entière et parfaite dans ce qui me paraît son livre le plus abouti, Révolutions. Et je n’entends toujours pas, dans le champ pourtant fécond de l’écriture francophone contemporaine, une autre voix à cette hauteur. Impossible donc de cacher qu’à mes yeux le Prix Nobel attribué en 2008 est plus que largement légitime. Ce sera peut-être le seul, avant longtemps, pour la langue française…
Une confession pour finir: contrairement à d’autres membres de cette association, je n’ai pas tout lu de Le Clézio. La vie n’est pas finie; et il faut garder des merveilles pour la suite du chemin.